Comment sont financés les JO ?
Pour évaluer l’économie des JO de Paris 2024 et son impact sur les finances de la France, il est essentiel de tenir compte d’un critère clé : son coût global. Dans ce domaine, il faut noter une différence de taille entre le budget total estimé et les sommes qui ont réellement été dépensées.
Cette situation est loin d’être nouvelle, puisque le dépassement des coûts (de l’ordre de 15 % environ) est devenu quasi systématique pour l’évènement. À titre d’illustration, les Jeux olympiques de Londres en 2012 ont connu un dépassement de l’ordre de 6,1 millions d’euros. Quant à ceux de Rio 2016 : 23,5 millions d’euros de plus que le budget estimé.
Les JOP 2024 ne dérogeront pas à la règle puisqu’en dépit d’un budget total estimé à 8,9 milliards d’euros, le budget final devrait osciller entre 9 et 11 milliards. En effet, outre le fait que les coûts liés à l’organisation des Jeux Olympiques ne cessent d’augmenter depuis 1960 (davantage d’athlètes et d’évènements à financer), les JOP 2024 ont généré des coûts indirects (dépollution de la Seine, sécurisation de la cérémonie d’ouverture, etc.) qui n’étaient pas considéré dans la budgétisation initiale.
Financement public
Sur les 8,9 milliards d’euros de budget des JOP 2024, environ 1,5 milliard d’euros est directement pris en charge par l’État français, les collectivités territoriales et les fonds européens. Au total, 17,90 % du coût des Jeux olympiques de Paris proviennent de financements publics. Pour autant, les dépassements de budget liés aux dépenses de sécurité, aux imprévus ou encore aux heures supplémentaires, viendront inéluctablement alourdir la facture pour l’État français.
Financement privé
Les Jeux olympiques de Paris 2024 sont très largement financés par des fonds privés. Au total, environ 6,8 milliards d’euros proviendraient de sources privées.
Pour rentrer un peu plus dans les détails de ce montant, 1,1 milliard d’euros est financé par les sponsors de l’évènement (EDG, Coca-Cola, etc.), et 1,3 milliard d’euros provient de la billetterie. À ce titre, les JOP 2024 ont battu le record de vente de billets avec 9,5 millions de tickets vendus par des spectateurs venus de 222 pays différents.
De son côté, le CIO (Comité International Olympique) a participé au financement des JO à hauteur de 1,2 milliard d’euros environ. Enfin, 3,2 milliards d’euros proviennent directement des revenus générés par les droits de diffusion.
Les dépenses par catégorie
Le budget total des Jeux olympiques de Paris 2024 se décompose en trois principaux postes de dépense :
Opérations et évènements : environ 3,9 milliards d’euros
Il s’agit du poste de dépense le plus important. Il réunit tous les coûts liés à la logistique générale de l’évènement. Il prend en compte l’organisation de toutes les compétitions et les services mis à disposition du public et des athlètes à ces occasions.
- Logistique générale et services : 1,8 milliard d’euros
- Organisation des compétitions : 1,6 milliard d’euros
- Cérémonies et évènements culturels : 500 millions d’euros
Pour information, le coût estimé de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 s’élève de 120 à 500 millions d’euros.
Infrastructures et aménagements : environ 3,3 milliards d’euros
Les JOP 2024 ont déclenché de nombreuses transformations au sein de la capitale française, ce qui explique que les coûts d’infrastructure soient le second poste de dépense de l’évènement.
À noter que le plan d’infrastructure intègre à la fois la rénovation de sites existants, l’usage de structures temporaires, mais également la construction de nouvelles installations. En outre, les Jeux olympiques ont nécessité d’importants investissements, notamment dans le domaine des transports urbains.
- Construction et rénovation des sites sportifs : 2,2 milliards d’euros
- Développement du Village olympique : 1,1 milliard d’euros
L’un des points particuliers de ces JOP 2024 est d’avoir minimisé la construction de nouvelles installations, contrairement aux précédentes éditions. En effet, seules quatre nouvelles structures ont été construites pour l’occasion dont le Village Olympique et l’Arena, Porte de la Chapelle.
Sécurité et logistique : environ 1,1 milliard d’euros
Le troisième principal poste de dépense des Jeux olympiques de Paris 2024 est très certainement le plus difficile à évaluer. Si ce dernier est estimé à 1,1 milliard d’euros, le coût final devrait être réévalué ultérieurement à la hausse en tenant compte de certaines dépenses additionnelles comme les primes des policiers en service, par exemple.
Les retombées économiques des JO de Paris 2024
Les Jeux olympiques de Paris 2024 vont-ils dynamiser l’économie française et générer des retombées économiques à la hauteur des espérances des pouvoirs publics ? Difficile d’apporter une réponse définitive aujourd’hui, puisque l’étude se poursuivra pendant plusieurs années après l’évènement.
L’organisation d’un évènement d’une telle ampleur n’est pas neutre sur les plans économique, budgétaire et social. Plusieurs données telles que les recettes issues de la vente de billets ou encore les audiences télévisuelles permettent déjà d’obtenir les premières estimations des retombées effectives des JOP 2024.
Selon le Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES), les retombées économiques pour la seule région Ile-de-France seraient comprises entre 7 à 11 milliards entre 2018 et 2034.
Toujours selon le CDES et s’appuyant sur les secteurs ayant le plus d’effet d’entrainement sur l’économie nationale (tourisme, construction, organisation), trois scénarios de prévision économiques ont été élaborés. Ces derniers permettent de mesurer l’impact économique global des Jeux olympiques de Paris à moyen terme :
- Scénario bas : 6 707 millions d’euros
- Scénario intermédiaire : 8 990 millions d’euros
- Scénario haut : 11 145 millions d’euros
Quels sont les secteurs impactés ?
C’est un fait : les Jeux olympiques ont un impact significatif sur l’économie des villes hôtes ! Certains secteurs d’activité bénéficieront particulièrement des retombées économiques de l’événement : le tourisme, l’hôtellerie, l’infrastructure, l’urbanisme et l’emploi.
Tourisme et hôtellerie
Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont renforcé l’afflux de visiteurs en France et l’augmentation des revenus des professionnels du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. Rien que pour la Métropole du Grand Paris, la période du 23 juillet au 11 août a enregistré la venue de plus de 11,2 millions de visiteurs (français et étrangers). Le trafic aérien vers la capitale française a connu une augmentation de 7,9 % par rapport à 2023.
Dans le secteur de l’hôtellerie, « l’effet JO » est incontestable avec une hausse significative de la fréquentation sur l’intégralité du territoire francilien. À titre d’illustration, les taux d’occupation hôteliers sur les départements de la petite couronne ont tous connu des hausses notables : Val-de-Marne (+ 8,3 %), Seine-Saint-Denis (+ 13,1 %), Hauts-de-Seine (13,3 %). Le bilan est tout aussi positif à Paris intra-muros avec un taux d’occupation de + 16,5 % par rapport à la même période en 2023.
Infrastructures et urbanisme
Comme évoqué précédemment, les Jeux olympiques de Paris 2024 ont entraîné des investissements massifs dans les infrastructures, tout particulièrement dans celles des transports et des installations sportives. L’évènement a été à l’origine de plusieurs projets de construction et de rénovation dont les principaux sont :
- Création de nouveaux logements dans le Village olympique
- Rénovation des infrastructures existantes telles que le Stade Roland-Garros, le Grand Palais ou encore le Stade de France
Il faut souligner que, dès le départ, il est prévu d’utiliser 95 % d’infrastructures existantes ou temporaires. Les JOP 2024 auront néanmoins entraîné l’apparition de plusieurs installations pérennes comme le Village des Médias, le centre aquatique de Seine-Saint-Denis et, bien-sûr, le Village olympique.
Tous ces projets d’infrastructure et d’urbanisme contribuent au renforcement de l’attractivité touristique de Paris et, plus largement, de la région Ile-de-France.
Emploi
Les JOP 2024 ont des répercussions indéniables sur l’emploi en France. Pour preuve, la préparation comme l’accueil des Jeux mobiliseraient plus de 181 000 emplois dans les secteurs de la construction, du tourisme et dans les différents métiers directement ou indirectement en lien avec l’organisation et la conduite de l’évènement.
Derrière ce chiffre, il ne s’agit pas exclusivement de création de postes puisque certains existent déjà. Les 45 000 bénévoles que Paris 2024 a recrutés pour l’occasion ne sont pas comptabilisés. Voici quelques estimations des emplois qui sont mobilisés dans les principaux secteurs affectés par les Jeux Olympiques de Paris 2024 :
- Organisation (35 % des emplois mobilisés) : 89 300 emplois
- Tourisme (24,2 % des emplois mobilisés) : 61 800 emplois
- Restauration (18,8 % des emplois mobilisés) : 48 000 emplois
- BTP (11,8 % des emplois mobilisés) : 30 000 emplois
- Sécurité privée (10,2 % des emplois mobilisés) : 26 000 emplois
Certes, il faudra attendre la fin des Jeux Olympiques de Paris 2024 pour estimer plus précisément le nombre d’emplois effectivement créés lors de l’évènement. Toutefois, certains secteurs spécifiques tels que la sécurité privée ou la restauration ont nécessité de nouvelles embauches.
Analyse critique des retombées
Un impact économique globalement positif…
Selon une étude réalisée par le comité d’organisation des Jeux Olympiques, les retombées pourraient atteindre les 10 milliards d’euros. Ce montant faramineux serait majoritairement capté par les secteurs de l’organisation, du tourisme et de la construction. Au total, l’économie française verrait son PIB augmenter de 0,25 % au cours du troisième trimestre 2024.
Autrement dit, l’« effet JO », accentué par le bon déroulement et le succès populaire de l’évènement, est indiscutable d’un point de vue financier.
… mais à nuancer sur le long terme
En dépit de la réussite incontestable de l’évènement, de nombreuses analyses avancent que les retombées économiques des Jeux Olympiques de Paris 2024 seront plus limitées que prévu. S’il est encore trop tôt pour en avoir le cœur net, certains professionnels de l’hôtellerie, de la restauration ou encore du commerce constatent déjà une baisse de 30 % de leur chiffre d’affaires par rapport à 2023. Ce phénomène serait dû, selon eux, à une baisse de la fréquentation et du niveau d’activité.
Autre argument avancé pour expliquer cette baisse, le dispositif élevé de sécurité aurait été l’origine de comportements d’évitement de la capitale française.
L’histoire des JO : des retombées économiques souvent limitées
S’il est encore impossible d’établir le bilan financier des JOP 2024, il est toutefois pertinent de comparer l’évènement avec les précédentes éditions. L’histoire nous enseigne que les Jeux olympiques n’ont pas toujours été bénéfiques pour le pays organisateur.
Ainsi, Londres 2012 a connu un dépassement de budget de 6,1 milliards d’euros. Pour Rio 2016, le constat est encore plus alarmant avec 23,5 milliards d’euros et certaines infrastructures créées pour l’occasion, qui sont aujourd’hui à l’abandon.
Perspectives à long terme
Dès la candidature de Paris 2024, l’une des ambitions avancées par le CIO était que les jeux soient « en harmonie avec les plans et les priorités à long terme des futurs hôtes ». Qu’en est-il à Paris alors que l’évènement touche à sa fin ?
Un impact durable sur l’économie locale
En toutes lettres dans le dossier de candidature de Paris 2024, figure la volonté de léguer « un héritage durable » à l’issue de l’évènement. Ce choix s’est manifesté par des efforts majeurs en termes d’infrastructures et de développement urbain consentis notamment en Seine-Saint-Denis. En effet, ce département, le plus pauvre de France, concentre de nombreuses difficultés aussi bien socio-économiques qu’environnementales.
Les Jeux auront indéniablement accéléré le processus de régénération urbaine et économique de la région Ile-de-France !
Des effets sur l’attractivité internationale de Paris
Grâce au sans-faute organisationnel et aux images très positives qui ont fait le tour du monde, les Jeux olympiques de Paris 2024 constituent une occasion unique pour la France de rayonner à l’international.
Outre le renforcement de l’attractivité de Paris, c’est le talent, l’efficacité et la détermination du pays qui bénéficient d’une fenêtre exceptionnelle sur le monde. Cette image revalorisée pourrait durablement aider les entreprises françaises et rassurer les investisseurs qui ciblent le pays.
Les prochains Jeux Olympiques ?
Si les spectateurs et les téléspectateurs du monde entier ont encore les yeux rivés sur les Jeux olympiques de Paris 2024, les prochaines éditions se préparent d’ores-et-déjà avec un calendrier déjà établi.
Tout d’abord, les prochains JO d’hiver auront lieu à Milan et Cortina d’Ampezzo en 2026 entre le 6 février et le 22 février. La cérémonie d’ouverture est annoncée comme plus traditionnelle que celle des JOP 2024 et aura lieu dans le stade de la ville.
Quant à la prochaine édition des Jeux olympiques d’été, elle aura lieu à Los Angeles en 2028 du 14 au 30 juillet. En termes d’ambition économique, les organisateurs de l’évènement envisagent des retombées de l’ordre de 11,18 milliards de dollars pour la Cité des Anges, et de 18,3 milliards de dollars pour les États-Unis.
L’un des principaux défis pour la maire actuelle de la ville, Karen Bass, est d’organiser des JO « Sans voiture » en misant sur un développement des transports communs à marche forcée !